Conférences ICAO


CYCLE 2022-2023 :

Conférence virtuelle – « Du “Coran marocain” aux xasaayid : Les nouveaux enjeux de l’écrit au Sénégal »

Depuis le début de son parcours académique, les recherches d’Anoul Cohen portent sur le livre, ses producteurs et ses usagers au Maroc. À la croisée d’une anthropologie des savoirs et d’une anthropologie du religieux, elle envisage le livre comme un champ d’actions et d’expériences impliquant des acteurs, des pratiques, des techniques et des savoir-faire. Après avoir étudié la fabrication des livres littéraires, pratiques, religieux, toutes catégories confondues (Cohen, 2016), elle a resserré l’analyse autour d’un seul livre : le Coran. Elle explore ce livre « sacré » du point de vue des opérations et des individus qui le construisent en tant qu’objet plutôt qu’à travers son contenu auquel on l’identifie le plus souvent. L’ambition centrale de ces recherches est d’examiner comment la multiplication et la diversification du livre du Coran s’articulent avec une modification du rapport des fidèles au texte, à sa transmission et plus globalement à l’islam. Dans le prolongement de cette démarche, elle a récemment ouvert la réflexion à un comparatisme à l’échelle des mondes africains de manière à saisir les nouveaux enjeux des travaux su le livre et l’écrit dans ce continent (Mbodje-Pouye & Fiquet, 2009 ; Nativel & Gary-Tounkara, 2012 ; Diagne 2013). Pour mener à bien cette étude, elle a examiné les dynamiques de l’imprimerie et du marché du livre, deux champs d’études encore peu connus en Afrique, afin d’explorer les logiques singulières (ou non) d’appropriation de l’écrit et du savoir que celui-ci transmet, ainsi que les performances leur étant associées. Ce questionnement est ancré au Sénégal. Ce choix est né d’un parti pris méthodologique auquel elle se tient fidèlement depuis ses premières enquêtes ethnographiques : se laisser porter par le terrain et suivre l’objet d’étude où il me mène. Le « Coran marocain » , placé au coeur de cette communication, est un exemple éloquent de cette démarche.

Affiche de la conférence d’Anouk Cohen, jeudi 23 mars 2023 à 12h45 (UTC-4).

Anouk Cohen est anthropologue, chargée de recherches au CNRS. Elle est actuellement directrice du Centre Jacques Berque à Rabat (Maroc). Ses recherches portent sur les usages sociaux du livre, la matérialité et la sensorialité de l’écrit, leur efficacité pragmatique et leur implication religieuse, religieuse, sociale et économique. Depuis 2019, elle travaille plus particulièrement sur la formation en cours d’une épistémé islamique au Sénégal ainsi que sur la (ré)appropriation du livre du Coran par les femmes au Maroc.

Conférence virtuelle : « In Search of Tunga. Prosperity, Almighty God, and Lives in Motion in a Malian Provincial Town »

Cette intervention porte le titre d’une monographie qui vient d’être publiée chez University of Michigan Press. Parmi les jeunes hommes musulmans qui ont grandi dans les mondes ruraux ouest-africains, la migration est avant tout intra-africaine. Comme leurs pères, ils partent à l’école de l’aventure en quête d’argent, de biens de distinction, d’ouverture d’esprit (…) d’une vie prospère. S’éloignant de leurs réseaux traditionnels de solidarité et d’obligation sociale (région et village d’origine, famille, amis), ils partent chercher du travail dans des villes secondaires en forte expansion urbaine. Qu’est-ce que la piété musulmane et la destinée signifient dans ce type de trajectoire de vie ? S’appuyant sur le terrain fait sur le site principal de cette monographie, Bougouni (localité urbaine du sud-ouest malien), cette intervention explorait l’expérience religieuse de ces aventuriers à travers le concret de leurs vies en mouvement. Cette approche existentielle met en avant l’importance d’une éthique locale et ancienne pour s’attirer les faveurs du pouvoir premier de l’invisible : ‘Dieu Tout Puissant’. ‘Prier c’est bien, mais ça n’apporte pas le manger dans plat’, comme me disait souvent Ablaye, un jeune gérant d’un restaurant de Bougouni.

Affiche de la conférence d’André Chappatte, jeudi 23 février 2023 à 12h45 (UTC-5).

André Chappatte, anthropologue formé à la SOAS (Londres), est professeur assistant au GSI de l’Université de Genève. Accumulant 4 ans de terrain entre le Mali, la Côte d’Ivoire et la République de Guinée, ses recherches multiples ont comme point de départ le devenir moral de l’expérience humaine dans les sociétés musulmanes en Afrique de l’Ouest. Il a notamment publié sur la vie nocturne, l’Islam publique et les produits chinois. Son analyse est influencée par la pensée sociale, la géographie humaine et l’écriture phénoménologique.


Conférence virtuelle : « Capital esthétique et agency des femmes musulmanes à N’Djamena » (report)

Toute l’équipe de la Chaire ICAO est ravie d’avoir reçu la chercheuse Cécile Petitdemange pour une rencontre en ligne le jeudi 2 février 2023 à 12h00, heure montréalaise (UTC-5).

Affiche de la conférence de Cécile Petitdemange, jeudi 02 février 2023 à 12h00 (UTC-5).

À travers les différents usages du voile et ses accessoires, dénommée au Tchad lafaye, cette communication proposait d’interroger la matérialité des rapports de pouvoir de genre. Portée par les femmes tchadiennes engagées en politique, il signe une image professionnelle marquée par la modestie et le respect de la tradition, légitimant leur accès à l’espace politique en se parant des atours de la bonne moralité. Utilisé sur le mode de la séduction par les plus jeunes, le lafaye permet de contourner les règles morales fortement conservatrices régissant l’espace public en jouant autour de ce que le voile laisse dévoiler. Stylisé et importé d’Occident, il symbolise l’accès aux classes aisées et aux réseaux économiques transnationaux. Loin d’être dans une position subalterne, les multiples stratégies vestimentaires usitées par les femmes tchadiennes dénotent de divers accommodements plus ou moins négociés avec les normes patriarcales dominantes.

Cécile Petitdemange est spécialiste de l’islam au Tchad. Titulaire d’un doctorat en science politique de l’Université de Genève et de l’EHESS dirigée par Fabienne Samson et Didier Péclard, elle a soutenu sa thèse « Bricoler au rythme du politique: L’ambivalence des islams au Tchad » en décembre 2021. Elle est maintenant post-doctorante à l’Institut de Recherche pour le Développement au sein du projet RIMA (projet « Inégalités, radicalités et citoyennetés féminines: religiosités islamiques concurrentielles au Maghreb et Afrique de l’ouest islamisée »). Ses recherches actuelles portent sur la participation féminine islamique au sein de l’espace public par l’entremise des initiatives de lutte antiterroriste ainsi que sur les processus de voilement-dévoilement et leurs significations sociales.


Conférence virtuelle : « La place du religieux dans les facteurs d’embrigadement des groupes djihadistes au Sahel : cas de Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad »

A partir de l’exemple de Boko Haram, mouvement djihadiste, né en 2002 dans le nord-est du Nigeria, avant de se propager au Cameroun, au Niger et au Tchad, cette communication interroge les différents arguments mobilisés par les groupes terroristes du Sahel pour enrôler leurs combattants. Ces facteurs vont du religieux à la mauvaise gouvernance, en passant par l’absence de développement et de l’Etat ainsi que l’exclusion de certaines communautés nationales et les effets du changement climatique.

La réflexion ici présentée est nourrie par un travail de terrain réalisé en 2017 dans le centre de déradicalisation, de formation professionnelle et de réinsertion sociale de Goudoumaria, dans le sud-est du Niger, qui a accueilli de nombreux ex-combattants de Boko Haram. L’identification et la hiérarchie des facteurs d’embrigadement des groupes djihadistes est un enjeu essentiel pour définir ensuite le type de réponse à apporter aux défis sécuritaires que connaît actuellement le Sahel.

Faute d’avoir porter la plus grande attention aux facteurs d’embrigadement des mouvements djihadistes, les Etats de la région et leurs partenaires internationaux sont, sans doute, passés à côté de la bonne réponse à la crise multiforme que connaissent le Sahel et le Bassin du Lac Tchad.

Affiche de la conférence de Seidik Abba – le 19 janvier 2023 à 12h45 (UTC-5)

Universitaire, journaliste et écrivain, Seidik Abba a été rédacteur en chef de l’hebdomadaire panafricain Jeune-Afrique et chef du bureau parisien de l’Agence panafricaine d’information (Panapress). Ancien Chroniqueur et reporter au Monde Afrique (Groupe Le Monde), il décrypte très régulièrement l’actualité africaine sur des médias internationaux tels que BBC, France 24, RFI, Deutsche Welle, TV5 Monde.

Depuis 2006, Seidik Abba est chercheur associé à l’université Polytechnique Hauts-de-France (UPHC) où il a soutenu une thèse de doctorat en Sciences de l’Information et la Communication. Ses recherches portent, notamment, sur les mouvements djihadistes et l’extrémisme violent au Sahel et dans le Bassin du Lac. M. Abba est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à ces thématiques : Voyages au cœur de Boko Haram : enquête sur le djihad en Afrique subsaharienne, paru en 2019 chez l’Harmattan ; Pour comprendre Boko Haram, en 2021 chez l’Harmattan ; Mali/Sahel : notre Afghanistan à nous ? publié en 2022 chez Impacts-Editions.


Conférence virtuelle : « Accepter, s’adapter ou déjouer les contraintes sociales : portraits de femmes musulmanes (de l’Algérie au Sénégal) »

Cette présentation sera l’occasion de revenir sur la publication (décembre 2022) du numéro 248 des Cahiers d’études africaines, coordonné par Fabienne Samson et Marie Nathalie LeBlanc, portant sur les classes sociales et les religiosités islamiques en Afrique. À partir de portraits de femmes musulmanes issus d’études ethnographiques sur les modes de religiosités féminines dans la wilaya de Blida (Algérie) et, dans une moindre mesure, à Dakar (Sénégal), Fabienne Samson mettra en perspective les questions de genre, de pratiques islamiques et de conservatisme social. Elle montrera la manière dont ces femmes, de diverses appartenances sociales et économiques, s’adaptent, reproduisent ou se démarquent des contraintes sociales patriarcales environnantes.

 Fabienne Samson est anthropologue, directrice de recherche à l’IRD à Paris, et membre de l’Institut des mondes africains (IMAF). Spécialisée en anthropologie politique du religieux, elle a d’abord étudié le rôle social et politique de mouvements islamiques et évangéliques au Sénégal et au Burkina Faso. Elle a été responsable du programme ANR « Priverel » (2012-2016) dans lequel elle a mené une réflexion sur le passage du religieux des espaces publics aux espaces privés. Ces dernières années, elle s’est tournée vers le Maghreb, le Maroc puis l’Algérie où ses travaux de recherche ont été centrés sur les assignations genrées liées aux normativités religieuses. Elle est actuellement responsable d’un nouveau programme ANR « RIMA » (2022-2025) sur les religiosités islamiques de femmes et sur les luttes féminines en Afrique de l’ouest et au Maghreb. Pour cela, elle mène de nouvelles recherches sur la place publique des femmes musulmanes au Sénégal.

Affiche de la conférence de Fabienne Samson, jeudi 08 décembre 2022 à 12h45 (UTC-5)

Conférence virtuelle : Les « imams chocos » ou la mutation de la figure de l’autorité religieuse musulmane en Côte d’Ivoire

Affiche de la conférence de Bourahima Diomandé le jeudi 17 novembre 2022
12h45 (UTC-5)

De par la centralité de son rôle dans la vie communautaire musulmane, l’imam n’échappe pas aux débats en cours dans la société. Certains de ces débats tendent à le présenter comme un acteur social en marge de la « modernité ». Pourtant, l’imamat n’est pas un champ adynamique. Hier monopole d’une catégorie sociale (familles maraboutiques et/ou personnes âgées) en Côte d’Ivoire désignée sous l’expression railleuse « imams de sacrifices », l’imamat s’y est fortement reconfiguré au cours de ces dernières années. Communément appelées dans le langage de la rue « imams chocos », la nouvelle génération d’imams est différente, à bien d’égards, de ceux d’hier : cursus scolaire, mode de vie, style de prédication, mode vestimentaire, positionnement politique, religieux, etc. Circonscrit à quelques mosquées de la ville d’Abidjan dans les années 1980, cette nouvelle manière de faire et de se présenter des imams s’est propagée à l’intérieur du pays. La présente étude analyse la métamorphose de ces acteurs religieux dans un contexte de réveil islamique, de quête d’égalité politique et d’internationalisation des pratiques religieuses. Elle révèle combien il est aujourd’hui difficile d’étudier la vie des musulmans à partir des « étiquetages religieux classiques ».

Bourahima Diomandé est titulaire d’un Doctorat en Histoire Contemporaine obtenu à l’Université Alassane Ouattara. Ses intérêts de recherche portent sur les dynamiques autour des lieux de culte en Afrique de l’ouest. Dans le cadre du doctorat, il a travaillé sur les enjeux de la mosquée en Côte d’Ivoire. En tant qu’assistant, il a participé au projet de recherche « Que sont devenus les marabouts ? » piloté par la Chaire Islam Contemporain en Afrique de l’Ouest (ICAO) de l’Université de Québec à Montréal dont il est chercheur associé. Il est aussi chercheur associé à l’Institut de Recherches Sociologiques (IRS) de l’Université de Genève. Actuellement, il est en poste au Global Studies Institute-Université de Genève dans le cadre du projet « The Contemporary Expansion of Corporate Islam in Rural West Africa » financé par le Fonds National Suisse (FNS) sous la supervision du Professeur assistant André Chappatte. Il est, par ailleurs, enseignant-chercheur au département Histoire de l’Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire).

Conférence virtuelle : Capital esthétique et agency des femmes musulmanes à N’Djamena

Cécile Petitdemange est spécialiste de l’islam au Tchad. Titulaire d’un doctorat en science politique de l’Université de Genève et de l’EHESS dirigée par Fabienne Samson et Didier Péclard, elle a soutenu sa thèse « Bricoler au rythme du politique: L’ambivalence des islams au Tchad » en décembre 2021. Elle est maintenant post-doctorante à l’Institut de Recherche pour le Développement au sein du projet RIMA (projet « Inégalités, radicalités et citoyennetés féminines: religiosités islamiques concurrentielles au Maghreb et Afrique de l’ouest islamisée »). Ses recherches actuelles portent sur la participation féminine islamique au sein de l’espace public par l’entremise des initiatives de lutte antiterroriste ainsi que sur les processus de voilement-dévoilement et leurs significations sociales.

Pour vous inscrire à la conférence, cliquez ici.


Conférence virtuelle : Violences terroristes et mutation des stratégies éducatives dans le nord du Burkina Faso

Depuis 2015 le Burkina Faso connait des attaques terroristes sur son territoire. Parmi les principales cibles des attaques, figure l’école considérée par les groupes armés comme diffusant un savoir haram. Ainsi, dans une logique de survie, les acteurs sont contraints de fermer les établissements scolaires.
L’école, lieu d’apprentissage est désormais un lieu dangereux pour les élèves et les enseignants. Cette situation contraint les populations à réinventer leur rapport à l’institution scolaire et leurs stratégies éducatives. Dans une double logique de protection de la vie des élèves et la continuité des services pédagogiques, les populations créent une dynamique résiliente autour de l’école. Ainsi, certains parents d’élèves optent pour l’éducation dans les écoles franco-arabes, tandis que d’autres scolarisent leurs enfants dans des villes considérées comme présentant plus de sécurité. Aussi, les communautés dans la dynamique de permettre une continuité pédagogique dans leur localité ont-elles mis en place des actions de protection des écoles, des enseignants et des élèves.
S’appuyant sur une démarche socioanthropologique faite d’enquêtes auprès des différents acteurs de l’éducation et d’observations, cette présentation a pour objectif de montrer comment la situation d’insécurité a entraîné des mutations et des réadaptations dans les stratégies éducatives des populations.

Zakaria Soré est docteur en sociologie et enseignant-chercheur au département de sociologie de l’Université Joseph KI-ZERBO au Burkina Faso. Également post-doctorant au programme Académie Pilote Postdoctorale Africaine (PAPA) et chercheur invité à la Chaire Islam contemporain en Afrique de l’Ouest (ICAO) de l’Université du Québec À Montréal, il travaille sur les questions de l’école et de l’insécurité au Burkina Faso.

Il est auteur de publications sur l’émergence des groupes d’auto-défense dans le contexte de terrorisme, et les dynamiques de collaboration entre les forces officielles de défense et de sécurité et les groupes de vigilantisme dans la dynamique de lutte contre le terrorisme.


CYCLE 2021-2022 :

Conférence virtuelle : Les écoles coraniques dans le contexte de la crise sécuritaire Boko Haram au Cameroun – entre suspicion et réformes diverses

Affiche de la conférence de François Wassouni du 25 mai 2022, 12h30 (UTC-4)

Cette conférence avait pour but d’analyser la situation des écoles coraniques, cadres d’apprentissage informels qui occupent une place de choix dans l’éducation des enfants dans nombre de pays africains d’obédience musulmane en général et dans la zone du Bassin du Lac Tchad, où sévit la secte islamiste Boko Haram en particulier. Dans cette région justement, l’avènement de cette crise sécuritaire et le recrutement massif des adeptes au rang desquels des jeunes, a très vite poussé nombre d’observateurs à pointer du doigt les écoles coraniques comme des niches de recrutement de la secte. Elèves des écoles coraniques itinérantes, anciens élèves et maîtres d’écoles coraniques, diplômés sans emploi formés dans les pays arabes, sont des catégories au sein de laquelle Boko Haram a grandement recruté  ses adeptes qui ont alors semé une violence sans précédent à travers cette partie de l’Afrique. Dans le contexte de la réponse humanitaires où nombre d’organisations du Système des Nations Unies se sont déployées sur le terrain, une attention particulière a été accordée à la prévention de l’extrémisme violent, à côté d’autres appuis multiformes aux communautés éprouvées. C’est justement dans ce cadre que des initiatives en vue de l’assainissement des écoles coraniques en vue de les préserver d’éventuels recrutements et radicalisations de ses maîtres et apprenants. Le PNUD, l’UNFPA, l’UNICEF, l’USAID et bien d’autres organisations internationales ont développé nombre d’initiatives autour des écoles coraniques qui sont alors entrées dans un processus de réformes tous azimuts. Etudes diagnostiques de la situation de ces cadres d’apprentissage, structuration de ses maîtres en associations, enregistrement systématique des écoles, formation des maîtres, collaboration avec les organisations internationales et les autorités administratives et traditionnelles, réforme des curricula avec l’introduction des modules nouveaux, conception et adoption de nouveaux manuels d’enseignement, création des opportunités diverses aux maîtres et apprenants, sont quelques-unes des initiatives fortes entreprises. C’est de cette dynamique nouvelle qui a pris corps autour des écoles coraniques que porte cette conférence qui voudrait édifier à propos et d’analyser les effets de ces réformes diverses sur le présent et le futur de ces institutions traditionnelles d’une très grande sensibilité dans cette région

De nationalité camerounaise, François Wassouni est maître de conférences d’histoire contemporaine à l’Université de Maroua au Cameroun et actuellement chercheur résident à l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes en France avec un projet de recherche sur « Artefacts et histoire de la violence dans le Bassin du Lac Tchad de la période précoloniale à la crise sécuritaire Boko Haram. » Il est auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques portant sur des problématiques diverses et variées, notamment l’histoire des techniques, la culture matérielle, l’historiographie, la Chine en Afrique, les questions de paix et de sécurité, notamment la crise sécuritaire Boko Haram, entre autres. En dehors du Cameroun, il a eu plusieurs expériences pédagogiques et de recherche à l’échelle internationale : Professeur Invité à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris, chercheur invité à la Maison des Sciences de l’Homme Ange-Guépin de Nantes dans le cadre de la bourse Hampâté Bâ, Visiting Scholar du Consortium du Master Erasmus Mundus/Techniques, Patrimoine, Territoires de l’Industrie (TPTI) et au Centre d’Etudes Africaines de Leiden aux Pays-Bas. Il est par ailleurs lauréat de plusieurs programmes de bourses et distinctions internationales dont les plus récentes sont le Fulbright américain (SUSI) à New York University/Multinational Institute for American Studies (MIAS) dont il est diplômé et le Programme International Scholars Program de la Society for the History of Technology (SHOT) basée également aux Etats-Unis. Il est membre de plusieurs sociétés savantes dont le Groupe de recherche sur l’Histoire de la Guerre (GRHG) de l’Université de Québec à Montréal , du projet de recherche, Islamic Protest, Terrorism and Security in Africa , financé par le CRSH et qui a débuté en 2018 grâce aux efforts de collaboration d’un certain nombre de chercheurs de différentes institutions en Afrique et en Amérique du Nord. En dehors des aspects sus-évoqués, il est expert auprès de nombreuses organisations internationales (PNUD, OIM, UNFPA, USAID, etc), nationales et locales sur les questions de paix, de sécurité, de prévention des extrémismes et de développement ; expert du Réseau francophone de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme (Francoprev) ; membre actif de la société civile de l’Extrême-Nord du Cameroun et de plusieurs plateformes relatives à la prévention de l’extrémisme violent/coordonnateur de l’association Synergies Africaines pour Contrer et Prévenir les Radicalisations, les Extrémismes et les Violences (SYNAC-PREV) . Il est également coordonnateur du cabinet d’études Bureau d’Appui au Développement-Conseils, Etudes, Formations (BAD-CEFP) qui produit nombre d’expertises au Cameroun et dans le Bassin du Lac Tchad.


Conférence virtuelle : L’islam en pays odzukru – trajectoires et perceptions

Cette communication, relative à l’histoire de l’implantation des religions révélées, cible l’islam et le pays odzukru comme site d’enquête. Il s’agira surtout de reconstituer le processus de sa pénétration et de sa diffusion dans cette région lagunaire du sud de la Côte d’Ivoire, de décrire, d’expliquer ou d’interpréter les réactions des populations-cibles de diffuseurs d’un culte entré en compétition, dès leur arrivée, avec les missionnaires européens appuyés par l’administration coloniale.  

Introduit par des commerçants et migrants d’origine soudanaise ou sénégalaise attirés par la prospérité du Lodzukru, l’islam, qui fut exclu du régime des privilèges d’expansion accordé au christianisme, subit fortement l’ostracisme de la puissance coloniale française et suscita un rejet des autochtones, connut un début d’ancrage difficile. Ce qui débouche sur sa relégation au rang de religion minoritaire dans un pays devenu un espace chrétien. En somme, cette communication reconstitue et interroge l’insuccès d’un prosélytisme conduit par des musulmans. 

Essoh Nome Rose de Lima est Historienne, Enseignante-Chercheure à l’université Alassane Ouattara de Bouaké (RCI). Après sa thèse de Doctorat unique en Histoire culturelle soutenue à l’université Felix Houphouët Boigny d’Abidjan (Côte d’Ivoire) en 2012 sur  le fonctionnement des entités sociales endogènes africaines, notamment celles des Odzukru, peuple lagunaire du Sud de la Côte d’Ivoire, elle s’est orientée vers de nouvelles pistes de recherches en abordant  la question du genre à travers la perception des sociétés africaines de la femme, et des mutations sociales, culturelles et religieuses des sociétés ivoiriennes. A ce titre, elle a produit et publié plusieurs d’articles scientifiques sur ces différentes thématiques. Maitre-Assistante, elle a participé également à plusieurs rencontres scientifiques nationales et internationales en France, au Benin, au Sénégal, au Mali et en Côte d’Ivoire. Depuis 2020, elle est boursière de l’Académie pilote Postdoctorale Africaine (PAPA) piloté par le centre de recherches Point Sud Mali. Par ailleurs, elle participe dans le cluster Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire au projet GETSPA (Politique Sociale Transformatrice et Genre en Afrique) piloté par l’institut d’Etudes Africaines de l’Université du Ghana, qui réunit de nombreux chercheurs venus de toute l’Afrique subsaharienne.


Conférence virtuelle : Être musulman et minoritaire en contexte musulman

Affiche de la conférence du 27 avril 2022 de Mohamed Sakho

Traiter de la communauté chiite au Sénégal semble relever d’une gageure. En effet, si la quasi-totalité des musulmans sénégalais se considère comme sunnite, les chiites sénégalais sont moins connus. Cela n’est guère surprenant si l’on sait que ces derniers – qu’ils soient duodécimains, ismaéliens, ou encore bohras – constituent une minorité peu visible dans la plupart des pays ayant des populations musulmanes, excepté l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan, le Bahreïn, etc., où ils sont majoritaires. Pays à grande majorité musulmane, l’islam a réussi à imprimer au Sénégal une trace indélébile depuis le 11e siècle. De toute évidence, l’empreinte du sunnisme y est historiquement ancrée tant dans la période précoloniale, que durant la colonisation. Pour ce qui est du chiisme, bien qu’il faille relever l’existence d’un pluralisme religieux depuis la fin des années 70, force est de reconnaître que les musulmans chiites, numériquement minoritaires, sont moins visibles dans le paysage religieux et dans l’espace public, encore moins mesurables statistiquement en l’absence d’indicateurs officiels sur eux. L’objectif de cette communication était de revenir sur cette communauté, ses acteurs, ainsi que ses spécificités. Dispose-t-elle d’instances représentatives à l’échelle nationale tant sur le plan politique que religieux ? Quelles sont les stratégies qu’elle met en œuvre pour renforcer sa visibilité et attirer de nouveaux membres ?  

Mohamed Sakho Jimbira est docteur en sciences de l’information et de la communication et chercheur associé à la Chaire ICAO, ainsi qu’au Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S).  Ses travaux de recherche portent sur les usages des technologies numériques d’information et de communication dans les contextes français et sénégalais. Depuis une perspective critique et descriptive, le point central est mis, d’une part, sur le rapport entre islam et usages d’internet et des médias socionumériques ; d’autre part, sur la manière dont les individus appartenant aux groupes sociaux minoritaires et/ou minorisés mobilisent ces outils numériques aux fins de communication, de réseautage, de visibilité, de reconnaissance, etc.

Lien de l’enregistrement de la conférence à venir très prochainement.


Conférence – Administration des écoles arabophones en Afrique de l’Ouest

Cette présentation visait à aborder la formation privée de base octroyée aux élèves arabophones en Afrique de l’Ouest : le cas du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire. Il s’agit d’un de deux systèmes de l’éducation en Afrique subsaharienne (Publique et privée). Pour ce faire, nous aborderons l’histoire de l’éducation arabophone et Afrique subsaharienne ainsi que les centres culturels et scientifiques arabophones en Afrique de l’Ouest. En effet, les littératures rapportent que l’Afrique subsaharienne avant l’époque coloniale était arabophone et qu’aux préludes de la décolonisation en 1960, il y a eu la création de l’élite alternative à qui la gestion des nouveaux États est confiée. La présentation a également abordé la question des programmes d’études dans les écoles arabophones (Présecondaire et secondaires). Le processus de conception de ces programmes par des compétences privées. Ainsi, la présentation était une familiarisation à l’administration de programmes d’études des écoles arabophones en Afrique de l’Ouest.

Sayouba Savadogo est détenteur d’un doctorat en études transculturelles (Études arabes et islamiques). Il détient une maîtrise en administration publique, un certificat en psychologie et éducation et un Bac en Lettres arabes: civilisations et linguistiques. Il est membre de la Fédération internationale de la langue arabe et membre de l’Association canadienne des professeurs de langues secondes (ACPLS).
Chercheur invité à McGill de 2013 à 2017, Dr Savadogo est initiateur du projet Sécurité préventive en Afrique subsaharienne au Centre d’histoire orale à l’université Concordia et fondateur de Civilisationniste conseil, une firme qui œuvre dans les consultations en gestion de la diversité interculturelle.

Le Dr Sayouba s’intéresse, entre autres, à l’administration des organisations et associations islamiques d’Afrique de l’Ouest, à l’islam et l’islamisme en Afrique, au maintien de la paix en contexte de conflits islamiques ou islamistes, aux rhétoriques des discours islamistes en version arabe et en version traduite en français et en anglais, à la femme musulmane africaine entre tradition et religion islamique, à l’analyse de contenus de prêches en langues mooré et bambara,  aux contenus de congrès islamiques mondiaux, aux enseignements islamiques en Afrique, à l’islam classique et contemporain d’Afrique, il s’intéresse également à l’arabité en Afrique et au monde, aux politiques étrangères des pays islamiques, à l’islam politique, à l’intervention et à la recherche en milieu des organisations islamiques, à l’analyse des réseaux sociaux des arabophones de l’Afrique subsaharienne, au façonnement de l’identité de l’arabophone ouest-africain.


Conférence – Militantisme islamique sur le campus de l’Université de Lomé (Togo) depuis les années 1980: être musulman en contexte minoritaire, laïc et (semi-)autoritaire

Affiche de la conférence de Frédérick Madore du 22 février 2022

Si l’Université de Lomé, auparavant sous l’emprise du parti unique du Rassemblement du peuple togolais, est souvent perçue comme un haut lieu de la contestation parfois violente du pouvoir depuis le tournant des années 1990, elle est aussi caractérisée par une multiplication d’associations religieuses de différentes confessions. Cette communication propose de retracer l’histoire du militantisme islamique dans cet établissement d’enseignement supérieur laïc depuis la création de la Jeunesse estudiantine islamique de l’Université du Bénin dans les années 1980. L’engagement militant sur ce campus reflète, d’une part, les mutations plus larges qui ont caractérisé l’islam au Togo au cours des dernières décennies, dont le rôle joué par cette élite musulmane dans les débats politiques. D’autre part, il met en relief les défis auxquels font face les jeunes étudiant.e.s musulman.e.s en contexte minoritaire et autoritaire, qui sont exacerbés par la méfiance de l’État envers l’islam « politique » et les craintes plus récentes de l’extension du djihadisme aux pays côtiers du Golfe de Guinée.

Frédérick Madore est chercheur au Leibniz-Zentrum Moderner Orient (ZMO) au sein du projet « Religion, Morality and Boko in West Africa ». Il était auparavant chercheur postdoctoral Banting au Centre d’études africaines de l’Université de Floride et professeur d’histoire à temps partiel à l’Université d’Ottawa. Il a mené des recherches en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Bénin et au Togo sur les relations entre la politique et l’islam, l’émergence de nouvelles formes d’activisme islamique chez les jeunes et les femmes ainsi que l’appropriation des médias par les acteurs musulmans. Son projet de recherche actuel porte sur l’histoire des mouvements religieux sur les campus de l’Université de Lomé (Togo) et d’Abomey-Calavi (Bénin)


Conférence – Psychologie populaire, culture du bien-être et éthique du sujet néo-libéral auprès de nouveaux musulmans au Québec

Pour de nombreux nouveaux musulmans qui ont été socialisés dans un environnement non musulman au Québec, apprendre l’islam revient surtout à reproduire le modèle de comportement du Prophète Mohammed jugé parfait. Pour se conformer à ce modèle d’autorité, ils entament un processus de discipline et de maitrise du soi qu’ils mènent à partir d’une surveillance constante de leurs émotions, pensées et actions personnelles. Ce processus qu’ils décrivent comme un jihad personnel s’appuie sur une définition de la personne inspirée par la théologie musulmane tout en s’inspirant des théories de la psychologie populaire et de la culture contemporaine du bien-être qu’ils réinterprètent dans un cadre musulman au sein duquel la construction du sujet vertueux est motivée par un idéal de contrôle et de conscience du soi. Ce processus de production d’une subjectivité musulmane dans une éthique néolibérale (Ehrenberg) ne va pas sans susciter tensions et compétitions avec des visions plus orthodoxes de l’Islam. À partir d’une recherche ethnographique menée auprès de convertis à l’Islam au Québec, j’examine comment les nouveaux Musulmans s’approprient des ressources de développement personnel et outils psychologiques pour se produire en tant que sujet vertueux, je mets en évidence les zones de tension que ces constructions entrainent. Je soutiens que la façon dont les nouveaux musulmans composent et négocient avec les défis quotidiens de la construction de leur piété en islam interagit avec des paradigmes locaux pour définir des versions contextualisées de l’Islam.



Géraldine Mossière est anthropologue et professeure agrégée à l’Institut d’Études Religieuses (IÉR) de l’Université de Montréal. Ses travaux touchent les questions liées aux comportements religieux contemporains, à la diversité religieuse dans les sociétés sécularisées et à l’articulation de la spiritualité avec la santé et le soin. Elle s’intéresse en particulier aux diverses dimensions des mobilités religieuses (circulations, conversions) ainsi qu’aux subjectivités (non)-croyantes (spiritualité, guérison). Elle travaille sur les conversions à l’Islam depuis 2006, d’abord selon une approche genrée et comparative, et plus récemment selon une perspective générationnelle. Elle a publié en 2013 « Converties à l’Islam, Parcours de femmes en France et au Québec » aux Presses de l’Université de Montréal.


Conférence – Infrastructures du quotidien, « mystique » et islam dans un système de transport informel en Basse Casamance (Sénégal)

Cette intervention prend comme scénario le fonctionnement du système de taxis collectifs non règlementés (klandos) à Ziguinchor et ses environs, en Basse Casamance (Sénégal). Au-delà de prêter attention à son rôle d’infrastructure de mobilité et à leurs rapports avec l’Administration, on prendra comme objet le recours fréquent des chauffeurs à certaines pratiques, techniques et objets que l’on pourrait considérer comme liés au domaine du religieux, ainsi qu’à la présence active de diverses entités invisibles non-humaines au quotidien. L’objectif est de voir comment l’univers de pratiques et croyances qu’on désigne par le terme émique de mystique est mis en place et prend forme dans ce contexte marqué par des conditions d’informalité, c’est à dire de précarité dans le travail et liens conflictuels avec les institutions. L’hypothèse présentée est que la présence du mystique dans le déroulement ordinaire de l’activité des klandos est un élément décisif pour le fonctionnement de cette infrastructure. Or, il se trouve que peut-être la présence de ces éléments soit aussi, en quelque sorte, informelle. Autrement dit, elle opère sans être évoquée de façon explicite, bien qu’elle joue un rôle déterminant dans certaines interactions quotidiennes, tout comme le font aussi les klandos par rapport au transport dans cette région.

Marta Contijoch Torres (Universitat de Barcelona-IMAF-EPHE) est doctorante en Anthropologie Sociale à l’Université de Barcelone, membre du Groupe de Recherche en Exclusion et Contrôle Sociaux de cette université et doctorante invitée à l’IMAF pour le premier semestre de l’année 2021-2022. Depuis 2018, elle a développé sa recherche de terrain en Basse Casamance (Sénégal) et s’intéresse notamment aux infrastructures, transports et mobilités, aux rapports entre informalité et Administration et au rôle que dans ce cadre, et dans la vie urbaine en général, joue le religieux et ce qui a été appelé l’ « occulte ».


Conférence – Les étudiants ouest africains en Turquie. Mobilité estudiantine et circulation de compétences

Affiche de la conférence du 18 octobre 2021 avec Issouf Binaté

Avec Issouf Binaté, professeur d’histoire, Université Alassane-Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire)
Le lundi 18 octobre 2021, à 12h45 (UTC-4)
Sur Zoom, inscription obligatoire

Cette communication s’appuie sur des données de terrain collectées dans le cadre de recherches postdoctorales menées depuis 2016. Elle analyse les parcours d’étudiants ouest africains en Turquie au cours de ces deux dernières décennies. Ces mobilités d’études furent initiées par la politique d’internationalisation du pouvoir turc qui permit à des milliers de jeunes de partir pour Ankara, Istanbul ou Konya, faisant de la Turquie un nouvel acteur de la scène globale des échanges éducatifs. Les étudiants firent en Turquie l’expérience d’une société peu ouverte sur l’extérieur, mais y créèrent aussi des échanges culturels et économiques avec l’Afrique. L’analyse de leurs mobilités permet ainsi de contrebalancer l’idée de l’impact négatif de la fuite des cerveaux pour les pays d’origine.

Issouf Binaté est enseignant-chercheur au département d’histoire à l’université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire). Il conduit des recherches sur l’islam en Côte d’Ivoire, notamment les sujets relatifs à l’enseignement arabo-islamique, aux ONG confessionnelles (inclues les organisations panislamiques) et au renouveau de l’islam soufi dans le contexte actuel de l’internationalisation des pratiques religieuses. Ces projets l’ont amené à être chercheur invité au African Studies Centre à Leiden (Pays Bas) en 2013, à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris (France), au Department of African Studies and Anthropology de l’Université de Birmingham (Angleterre) en 2016, au Leibniz–Zentrum Moderner Orient à Berlin (Allemagne) en 2018 et, plus récemment, à l’Institut français des études anatoliennes à Istanbul (Turquie) en 2019. Actuellement, il est chercheur associé à la Chaire de recherche sur l’islam contemporain en Afrique de l’Ouest (ICAO) de l’Université de Québec à Montréal (Canada) et Pilot African Postgraduate Academy (PAPA) Fellow à Point Sud de Bamako (Mali).


CYCLE 2020-2021 :

Conférence virtuelle – Camps de guérison islamique et pluralisme thérapeutique dans le système de santé publique en Côte-d’Ivoire

Présentée par Boris Koenig, chercheur postdoctoral au Department of Afroamerican and African Studies de l’Université du Michigan (États-Unis). Commentée par Marta Contijoch Torres, chercheuse doctorale au département d’anthropologie sociale de l’université de Barcelona

L’événement a eu lieu en ligne, mercredi le 12 mai 2021, de 12h45 à 14h.

Les camps de guérison islamique ont émergé au cours des dernières décennies comme des espaces thérapeutiques privilégiés pour le traitement des maladies spirituelles en Côte d’Ivoire. Ces espaces de guérison de grande envergure offrent des traitements islamiques en résidence prolongée à des patients souffrant de maladies incapacitantes et de troubles aigus du comportement qui sont considérés comme ayant une causalité spirituelle. Basée sur des recherches ethnographiques conduites en Côte d’Ivoire de 2017 à 2019 et en 2021, cette présentation décrit tout d’abord ces univers thérapeutiques en les resituant par rapport à la pluralité des offres de guérison qui se concentrent sur le traitement des afflictions spirituelles. Dans un deuxième temps, la présentation de ce cas ouvrira la discussion sur les changements récents dans les politiques publiques qui portent sur l’intégration des pratiques de guérison spirituelle dans le système étatique de santé.

Boris Koenig est un boursier postdoctoral (2020-2022) du Conseil de Recherches en Sciences Humaines du Canada affilié au Department of Afroamerican and African Studies de l’Université du Michigan (États-Unis). En 2020, il a soutenu une thèse en cotutelle en anthropologie et sociologie à l’Université du Québec à Montréal (Canada) et à la Catholic University of Leuven (Belgique). Intitulée Youth and the Occult Infrastructures of Urban Life in Abidjan, Côte d’Ivoire, sa recherche doctorale porte sur les jeunes adultes, l’occulte, l’urbanité et les changements générationnels dans la ville d’Abidjan. Ses recherches actuelles portent sur la santé publique, les trajectoires de guérison spirituelle et les centres de guérison animistes, chrétiens et musulmans en Côte d’Ivoire rurale et urbaine.


Conférence virtuelle – Une philanthropie nationaliste ? Les rapports entre organisations philanthropiques musulmanes et État en Inde

Présentée par l’anthropologue Catherine Larouche, animée par Marie Nathalie LeBlanc, professeure au département de sociologie de l’UQAM et titulaire de la Chaire ICAO, le mardi 27 avril 2021, de 12h45 à 14h. La conférence traitait des rapports entre organisations philanthropiques musulmanes et État en Inde.

En Inde, un nombre croissant d’organisations philanthropiques musulmanes se mobilisent pour tenter de pallier la discrimination croissante à laquelle est confrontée la minorité musulmane. En effet, de plus en plus d’évidences statistiques suggèrent qu’il existe, proportionnellement, un décalage socioéconomique significatif entre les musulmans et autres groupes religieux dans le pays. Par ailleurs, la montée en force du nationalisme hindou laisse planer un doute quant à la volonté du gouvernement indien d’assurer la protection et le traitement équitable de la plus grande minorité religieuse du pays. Comment les organisations philanthropiques musulmanes conçoivent-elles leur rapport à l’état indien dans ce contexte et quelles stratégies développent-elles pour mener à bien leurs activités? Fondée sur une recherche ethnographique dans l’État de l’Uttar Pradesh, cette présentation suggère que les organisations privilégient une forme de philanthropie nationaliste plutôt que des stratégies de contestation explicites. La particularité de cette approche permet de réfléchir, de façon plus large, aux limites de la capacité d’action des organisations non-gouvernementales et aux rapports souvent complexes entre État et ONG. 

Catherine Larouche est professeure adjointe au Département d’anthropologie de l’Université Laval. Ancrés dans l’anthropologie du religieux et l’anthropologie du développement et de l’humanitaire, ses recherches portent sur les pratiques des organisations philanthropiques musulmanes en Inde, l’organisation des services sociaux et les rapports entre État, ONG et autres associations communautaires. Elle s’intéresse également à l’Islam, aux mouvements de femmes et aux rapports interreligieux en Asie du Sud.


CYCLE 2019-2020

L’éducation en Afrique Subsaharienne : pratiques culturelle et stratégies politiques

Conférence-midi en collaboration avec la Chaire UNESCO d’études des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique
Le mercredi 11 mars 2020, de 12h30 à 13h45
UQAM, département de sociologie, local A-5060
Conférencier invité: Jérôme St-Amand

Jérôme St-Amand est professeur en sciences de l’éducation à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et éditeur associé à la Revue des sciences de l’éducation de McGill. Il est titulaire d’un doctorat et d’une maîtrise en psychopédagogie et il s’intéresse à la gestion de la classe et à la motivation scolaire. Il étudie en particulier les effets des pratiques pédagogiques sur l’engagement scolaire et les besoins fondamentaux des élèves du primaire et du secondaire, ainsi que les questions relatives à l’amélioration de l’éducation dans les pays en développement. Il travaille dans le milieu de l’éducation depuis plus de 20 ans.

Bien que l’accès à l’éducation se soit amélioré un peu partout dans le monde, surtout durant ces deux ou trois dernières décennies, il se trouve qu’en Afrique subsaharienne plus de 617 millions d’enfants n’arrivent toujours pas à atteindre un niveau minimum de scolarisation. Sur les 617 millions d’enfants et d’adolescents, on compte 38,7 millions d’enfants scolarisés au niveau primaire et 230 millions d’adolescents, au niveau secondaire. En plus, 202 millions d’enfants et d’adolescents quittent le système éducatif sans maîtriser les compétences minimales selon les normes de l’UNESCO. (UNESCO, 2017).

Cette conférence a examiné cette problématique de scolarisation des Africaines et Africains subsahariens en exposant les idées fortes de l’ouvrage collectif « L’amélioration de l’éducation en Afrique subsaharienne », publié aux Presses de l’Université Laval. C’est une contribution multidisciplinaire de plusieurs chercheures et chercheurs qui appartiennent à différents milieux de recherche et d’intervention pratique.

Vous pouvez télécharger l’affiche de la conférence en cliquant ici.


Conférence – L’Islam et ses « autres »

Le jeudi 23 janvier 2020, 12h30 à 13h45
UQAM, département de sociologie, local A-5060
Présentée par Rachad Antonius.

Rachad Antonius est professeur titulaire en sociologie à l’Université du Québec à Montréal. Il est membre de la Chaire de recherche sur l’Islam contemporain en Afrique de l’ouest (ICAO), et membre associé du CELAT (Centre de recherches Cultures – Arts – Sociétés). Ses publications les plus récentes portent sur l’islam politique, les conflits au Proche-Orient et les minorités arabes et musulmanes au Canada et au Québec. Des publications antérieures ont porté sur les représentations des Arabes et des musulmans dans les médias, sur les relations ethniques au Québec, sur le racisme et les discriminations, sur la mesure des inégalités, sur les conflits politiques au Proche-Orient sur les révoltes arabes, et enfin sur les méthodes quantitatives dans la recherche sociale. Il est l’auteur de quatre ouvrages de méthodologie. Une partie de ses publications se trouve sur le site Les Classiques des Sciences sociales.

Rachad Antonius lors de la conférence-midi L’islam et ses « Autres »

Dans cette présentation, nous souhaitons renverser le regard : comment les courants islamiques regardent-ils les « autres » : les non-musulmans, mais aussi les musulmans qui ne se conforment pas à ce que l’orthodoxie prescrit ? Précisons qu’il ne s’agit pas de ce que les musulmans pensent des autres, mais de la façon dont les prédicateurs musulmans, se référant aux textes sacrés, conceptualisent l’altérité et définissent qui sont les autres, comment on doit se comporter envers eux, comment on conçoit leurs obligations envers les musulmans, et comment tout cela est justifié par la référence aux textes fondateurs de l’Islam. Notre analyse, qui s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche subventionné, sera fondée sur l’analyse d’un corpus de fatwas et des écrits de certains penseurs qui ont joué un rôle important dans l’islam contemporain.


Religion et savoirs mystiques en Islam : discours et dimensions éthico-morales de la légitimité chez les Karamogos de la ville de Bouaké (Côte d’Ivoire)

Le lundi 25 novembre 2019, 12h30 à 13h45
UQAM, département de sociologie, local A-5020

Pier-Olivier Tremblay est doctorant au département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Concordia. Il vient de compléter une maîtrise en sociologie à l’UQAM sous la direction de Marie Nathalie LeBlanc. Lors de cette conférence-midi, il présentera les principales conclusions de son mémoire, réalisé à partir de données ethnographiques récoltées suite à un terrain de près de deux mois dans la ville de Bouaké en Côte d’Ivoire.

Pier-Olivier Tremblay lors de la conférence-midi.

Cette présentation se penche sur la construction de la légitimité chez les karamogos de la ville de Bouaké en Côte d’Ivoire en lien avec les changements socioreligieux survenus dans les milieux musulmans en Afrique de l’Ouest et en Côte d’Ivoire au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Historiquement, les karamogos étaient des figures importantes de l’islam confrérique en Afrique de l’Ouest. Connus pour leur érudition, leur piété́ exemplaire, et parfois pour les propriétés mystiques de certains de leurs savoirs, les karamogos formaient l’Élite religieuse de ces confréries d’allégeance soufie. Les récentes vagues de renouveaux islamiques en Côte d’ivoire ont cependant affecté l’organisation la communauté́ ainsi que les modes d’expression légitime du religieux d’une manière qui fut défavorable aux karamogos, en associant ces derniers et l’usage de savoirs mystiques à des formes syncrétiques et non-orthodoxes de l’islam. Dans ce contexte, notre objectif est de comprendre les modalités par lesquelles les « petits karamogos » d’aujourd’hui construisent leur légitimité́ en lien avec l’usage des savoirs mystiques. Dans le cadre de ce travail nous proposons de concevoir la construction de la légitimité́ des karamogos à partir des travaux en anthropologie sur l’éthique et la morale, en portant attention aux propriétés éthico-morales du discours des karamogos. Pour ce faire, nous concentrons dans un premier temps notre attention sur les autres praticiens des savoirs mystiques dans le discours des karamogos et comment ces derniers cherchent à̀ s’en détacher. Dans un second temps, nous analysons les discours que les karamogos produisent sur eux-mêmes à partir de leur propre compréhension de la manière dont ils sont effectivement devenus des karamogos. Ces angles d’analyse font ressortir une logique de remoralisation des savoirs mystiques et de la figure du karamogo par l’islam, et ainsi éclairent comment les karamogos d’aujourd’hui s’inscrivent dans la continuité́ des dynamiques de renouveau des années 1990.

Vous pouvez visionner l’affiche de l’événement en cliquant ici.


CYCLE 2019-2018

Conférence – L’Algérie, une « Nation musulmane ? » : État, islam, patriarcat et militantismes contemporains

Mercredi le 15 mai 2019
15:00 – 17:00
Université du Québec à Montréal, département de sociologie

Fabienne Samson est anthropologue à l’IRD, habilitée à diriger des recherches (HDR), et directrice de l’IMAF (Institut des Mondes Africains). Après plus de quinze ans à travailler sur des groupes islamiques et chrétiens au Sénégal et au Burkina Faso, afin de saisir leurs rôles et enjeux dans les transformations contemporaines des sociétés ouest-africaines, elle s’intéresse actuellement aux pratiques islamiques dans l’Algérie post-décennie noire et à leurs impacts dans les espaces privés et publics. Elle a publié plusieurs ouvrages (dont Les marabouts de l’islam politique, Paris, Karthala, 2005 et Des musulmans dans une Église chrétienne, PUB, 2019). 

En Algérie, l’islam est historiquement lié à la construction et à l’unification de la nation. Il prit, sous la colonisation française, un caractère politique toujours actuel – l’État indépendant étant confessionnel – et devint un élément essentiel des revendications nationalistes. De type « réformiste » hérité de Ben Badis, l’islam dominant et officiel norme aujourd’hui la vie sociale, s’adapte au conservatisme patriarcal et sature, depuis la décennie noire, les espaces publics définis comme lieux de visibilité mais également de débat et de politique.

La conférence exposera cette politisation du religieux, de la colonisation française à nos jours, pour aborder la question des processus contemporains de « réislamisation » mis en œuvre depuis les années 1980/1990, traduits par un très fort contrôle social par le religieux dans un contexte de réactivation des valeurs patriarcales. Seront alors abordées les réactions actuelles de la société civile, mettant en lumière les antagonismes profonds entre les tenants d’une Algérie conservatrice, patriarcale et confessionnelle, et les divers militants, féministes, laïcs ou simplement « progressistes » qui souhaitent une Algérie plus mixte d’un point de vue genré. La conclusion sur les événements récents permettra de réfléchir sur les enjeux sociaux qui se jouent actuellement au-delà des bouleversements politiques.

Fabienne Samson et Marie Nathalie LeBlanc lors de la conférence

Conférence – Le système éducatif coranique en Côte d’Ivoire : quelle politique d’éducation d’hier à aujourd’hui ?

Mardi le 14 mai 2019
16:00 – 18:00
Université du Québec à Montréal, département de sociologie

Issouf Binaté est enseignant – chercheur au Département d’histoire à l’université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire). Il conduit des recherches sur l’islam en Côte d’Ivoire, notamment les sujets relatifs à l’enseignement arabo-islamique, aux ONG confessionnelles (inclues les organisations panislamiques) et au renouveau de l’islam soufi dans le contexte actuel de l’internationalisation des pratiques religieuses.

Relevant de l’autorité d’un individu, d’une collectivité ou d’un État, les établissements d’enseignements coraniques ont traversé le « temps ». Ils ont fait leur entrée sur la scène éducative sous la forme des écoles coraniques traditionnelles avant de connaître une mutation – medersas – sous l’administration coloniale. En dépit de ce changement qui les rapprochait, par la forme, de la formation des écoles publiques, les établissements islamiques ont continué leur évolution sous la tutelle du Ministère de l’intérieur, même au lendemain de l’accession du pays à l’indépendance. Cette situation de marginalisation d’une frange de la jeunesse musulmane d’âge scolarisable allait conduire à la mise en place de structures associatives islamiques. De 1954 au début de la décennie 1980, plusieurs organisations se sont engagées dans la lutte pour la reconnaissance de ces écoles. Ces initiatives furent toutes sans succès. Toutefois, elles ouvraient la voie aux pourparlers entre l’Etat et les associations à l’ère du multipartisme. Ce décloisonnement de la vie politique, à partir de 1990, allait relancer le débat sur la problématique de l’enseignement islamique.

Issouf Binaté lors de la conférence à l’UQAM

CYCLE 2017-2018

Conférence – Sahel muslim women’s social movements : from old hard own gains to new creative consciousness

Conférence de clôture du colloque Vice-versa : Penser l’Afrique et son rapport au monde, organisée par la Chaire ICAO
Vendredi 23 février 2018
16:15 – 18:00
Université du Québec à Montréal, PK-1140

Avec Ousseina Alidou, Department of African, Middle Eastern and South Asian Languages and Literatures and Comparative Literature, Rutgers University.